antiAtlas Journal #4, 2020

LES FAUX GUIDES 

Flore Grassiot et Laila Hida

Résumé : Cet article rend compte d’une recherche-action sur l'univers polémique et conflictuel des faux guides peuplant la médina de Marrakech. Considérés comme illégaux, les faux guides réadaptent constamment leurs tactiques de survie, proposant des formes de négociations informelles qui transgressent notre appréhension de l’espace public. Mais que se passe-t-il si les règles du jeu sont réinventées avec eux et des contributeurs impliqués ? Site du projet : https://boulevarddelaresistance.com/Faux-Guide-Dairy

 

Biographies : Laila Hida explore les frontières de la pratique photographique, des espaces non négociés dans les pratiques sociales, ainsi que l’idée de transformation comme une constante du temps. En 2013, elle fonde LE 18, Derb el Ferrane, un espace d'art multidisciplinaire à Marrakech : www.lailahida.com.
Flore Grassiot est architecte et urbaniste, co-fondatrice du collectif TOPOI, elle conçoit des actions urbaines, citoyennes, artistiques et pédagogiques. Ses approches sont contextuelles, transversales, multiformes et non hiérarchiques ; elles supposent l’implication des acteurs concernés : www.topoi.site

Mots-clefs : cartographie, entretiens, interactions, dispositifs, pratiques urbaines, négociations informelles, tactiques de survie, Boulevard de la Résistance, médina, Marrakech, Maroc, tourisme, recherche-action, guides officieux, faux guides.

De février à décembre 2019, sessions d’entretiens enregistrés, annotés et cartographiés sur carnets. Photographies : Laila Hida et Flore Grassiot. Montage : Laila Hida.

Pour citer cet article : Grassiot, Flore et Hida, Laila, "Les Faux Guides" paru le 10 juillet 2020, antiAtlas #4 | 2020, en ligne, URL : www.antiatlas.net/04-les-faux-guides, dernière consultation le Date

Boulevard de la Résistance

1 Boulevard de la Résistance est un projet conçu et dirigé par Laila Hida, en collaboration avec des artistes, curateurs/chercheurs, architectes dont Francesca Masoero, Flore Grassiot, Simohammed Fettaka et Amine Rharbi. Une première étape des Faux-Guides apparaît dans le CHERGUI # 01, le journal autoédité par LE 18, sous la forme d'un texte et d'une mind-map. Lien vers le site du projet : https://boulevarddelaresistance.com/

Il s’agit ici de présenter l’une des branches du programme Boulevard de la Résistance : le projet qui explore l'univers complexe et conflictuel des faux guides.

Il s’agit ici de présenter l’une des branches du programme Boulevard de la Résistance : le projet qui explore l'univers complexe et conflictuel des faux guides peuplant la médina de Marrakech, ces acteurs considérés comme illégaux. En imposant leur présence dans l’espace public, ils mettent en œuvre tout un ensemble de tactiques constamment réadaptées aux visiteurs qu’ils cherchent tour à tour à aider ou/et à balader contre rémunération. Ils jouent sur des formes de négociations considérées comme traditionnelles, piégeant souvent les touristes perdus ou à la recherche d’expériences exotiques attendues et forcément entretenues. Très largement stigmatisées, leurs pratiques peuvent aussi être considérées comme des stratégies de survie ou comme une sorte de jeu de rôle à l’échelle urbaine qui modifie les règles de la navigation sociale occidentale, détournant les usages, les imaginaires et les perceptions quotidiennes.

Ce texte tente le récit d’un work in progress documenté et cartographié à chaque étape et à chaque détour. Il s’agit ici d’une recherche-action contextuelle, collective et fluctuante, impliquant tout un réseau de personnages de la cité. Les actions successives se dérouleront sur un court, moyen et long terme. Seule la première phase réalisée du projet est décrite ici. Il s’agira notamment d’interroger les statuts, la culture, les imaginaires et les revendications des faux-guides, puis, à travers leurs pratiques, de questionner les formes d’interactions sociales dans l’espace public, effectives ou fictives. De par la complexité du sujet, du contexte et la multiplicité des acteurs en présence, la cartographie s’est imposée d’entrée de jeu en tant qu’outil de compréhension, comme instrument critique et de co-écriture à entrées multiples et finalement comme langage commun. Elle s’est déployée sous forme de cartes mentales personnelles et collectives, de cartes heuristiques, de tracés décrivant des parcours dans la médina et surtout comme mode d’échange singulier, égalitaire et partagé.

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Février 2019, échanges avec le représentant des manifestants devant l’office du tourisme de Marrakech. Photographie : Flore Grassiot.

Un contexte unique et sous tension

2 L’espace public à Marrakech peut être vécu comme une expérience déstabilisante. Saturé de contrastes voir de contraintes, il influence nos comportements, le plus souvent inconsciemment et de façon insidieuse. En grande majorité masculin, il est appréhendé comme un lieu de frictions et de fictions, de résistance et de survie par chacun. De son côté, le tourisme a un statut à part, prédominant. Il est au centre des économies officielles et informelles, très directement relié à l’histoire du développement de la ville, intimement imbriqué à l’univers de l’artisanat et aux métiers de la rue qui en dépendent. Il influence finalement toutes les composantes urbaines, de l’immobilier privé aux espaces publics.

Chacun entretient les clichés recherchés par cette industrie du tourisme de masse, le cercle vicieux est rentable, tellement bien ancré qu’il paraît immuable.

Les faux guides s'adressent aux touristes qui ne connaissent ni la ville, ni ses codes et proposent de les emmener à leur destination, moyennant une somme modique, profitant de la structure rhizomique propre à toute médina où se perdra systématiquement le visiteur. La question du montant de leurs services proposés ou imposés – sinon longuement négociés – est centrale et directement liée au temps passé, dépensé et stratégiquement étiré le plus possible. Ils s’adaptent constamment aux besoins supposés de leur potentielle source de revenu. Seuls ou en collaboration avec des alliés – leur réseau d’intermédiaires – ils jouent sur les désirs d’exotisme persistant dans l’imaginaire collectif d’une certaine culture postcoloniale de l’Orient et du Maghreb. Sont véhiculées toujours les mêmes images par les médias et les guides habituels (papier et en ligne), un imaginaire réducteur est délibérément entretenu auprès de touristes, venus pour vivre, dans un temps trop court et à peu de détails près, toujours les mêmes expériences. Chacun entretient les clichés recherchés par cette industrie du tourisme de masse, le cercle vicieux est rentable, tellement bien ancré qu’il paraît immuable.

Dans ce contexte, pointer du doigt les faux guides renforce le système hiérarchisé en place dans lequel chacun va tenter de s’immiscer. Ce qui en ressort finalement est une tension urbaine diffuse et quotidienne, qui n’a besoin que d’une étincelle pour s’enflammer. La dissension est latente, les formes de mépris et de condescendance envers ces guides clandestins sont courantes et quotidiennes de la part des acteurs en présence (touristes, guides officiels, brigade touristique, commerçants, gérants de riads et parfois certains habitants de la médina eux-mêmes). Ces réactions accentuent les disparités et les frustrations, elles creusent à la longue les sentiments d’humiliation accumulés et les ressentiments envers les touristes étrangers. Pourtant, la responsabilité dépasse les faux guides eux-mêmes.

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Les faux guides imprégnent la culture locale

3 La culture des faux guides a fini par imprégner la culture locale. Il existe une certaine psychose autour d’eux, une appréhension, un rejet a priori générant des tensions de tous les côtés. Prédominent les rapports de défiance d’où les attitudes adoptées, influencées par le réseau de relations tissées entre les différents protagonistes impliqués. Les faux guides répondent forcément en miroir face à ces dissensions quotidiennes. En réaction, ils déploient tout un ensemble de tactiques, à commencer par développer des compétences d’observateurs hors pair, voire de comportementalistes. Leurs stratégies de défense, d’évitement ou d’effacement, sont éprouvées de jour en jour et se transmettent au fil des années.

Leurs ruses vont progressivement s’affiner à chaque nouvelle situation. Les guides officieux réinventent constamment des formes d’adaptation et de nouvelles pratiques de survie face au danger permanent que représente une garde à vue et face au risque de perdre leur clientèle à tout moment. Finalement, ils font preuve d’une grande créativité et d’une certaine virtuosité dans l’ingéniosité réadaptées chaque jour, à chaque situation et à chaque lieu.

Cette intelligence de la rue est unique et remarquable, or il est rare qu’elle soit reconnue comme telle. Pourtant nos séries d’entretiens cartographiés ont révélé une multitude de points de vue qui vont dans ce sens. Au-delà de leurs capacités d’improvisation, au-delà de leur fluidité et de leurs talents de performeurs quotidiens, les faux guides exercent aussi une forme de surveillance parallèle ultra-locale indéniable.

Depuis 2018, deux fois par semaine, un groupe de guides officieux manifestent officiellement devant l’office du tourisme de Guéliz à Marrakech. Ils revendiquent ensemble – et à visage découvert – la reconnaissance de leurs droits, de leurs compétences et de leur existence dans le microcosme local. Ils passent de l’anonymat d’une pratique illégale à leurs revendications dans l’espace public. Leurs manifestations sont autorisées, le mouvement est national, il a lieu dans les villes les plus touristiques du pays, comme à Tanger et à Fès. Leurs revendications dépassent très largement les seules préoccupations concernant leur situation de guides illégaux. Ils dénoncent à travers leurs paroles portées haut et fort dans la rue, une situation sociale précaire et inégalitaire, arrivée à un stade critique. Les manifestations pacifistes se déroulent chaque semaine, dans un contexte social tendu et face à un peuple de plus en plus conscient des injustices de ce Maroc à deux vitesses.

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Février 2019, Mindmap séries 1 et 2 d’analyse du contexte réalisées par Flore Grassiot et Laila Hida. Photographies : Flore Grassiot.

4 Malgré l’évidence de leur influence, d’un point de vue urbain et sociétal, nous n’avons trouvé aucune étude publiée autour du phénomène des faux guides, très peu d’écrits en dehors d’articles de faits divers et encore moins d’ouvrages dédié à la question. Considérons alors que tout serait à réinterpréter, prenons le temps de mener une recherche-action spécifique et inédite. Profitons-en pour réinventer au passage nos propres règles du jeu. L’un des objectifs est d’imaginer ensemble de nouveaux protocoles pour valoriser leurs pratiques plutôt que les marginaliser toujours plus. Peut-on envisager de sortir d’un modèle strictement illégal et réprimé pour les faux guides ? Quels seraient les moteurs et les formes d’expérimentations artistiques réalisables à notre échelle pour une potentielle et progressive transformation des rapports de forces préexistants ? Ce projet tente de recréer un dialogue avec la communauté des faux guides et à terme imaginer d’autres alternatives à leur existence précaire.

« Pour comprendre et mieux déchiffrer notre territoire et notre vision des choses, nos pratiques et nos stratégies de résistance, il a fallu mobiliser la notion de « rencontres mosaïques ». (…) Or l’analyse de ce caractère composite nous a amenés à quelque chose de fondamental qui est la notion de relation. »

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Février 2019, mindmap 1 d’analyse du contexte réalisées par Laila Hida. Photographies : Flore Grassiot.

5 Notre première analyse cartographiée du contexte a révélé des stratifications imbriquées, des multi-visions fractales, à plusieurs échelles, au sein d’un même niveau de relations et des divergences importantes de points de vue. Cette complexité structurelle nous oriente vers la mise au point de dispositifs cartographiques spécifiques aux temporalités de ce projet, nous les détaillerons plus loin. Nos premières intuitions nous amènent à questionner les enjeux et les dynamiques urbaines sur le plan local, collectif et individuel et à poser une série de pistes de réflexion. Parmi elles, nous interrogerons les pratiques et les économies « informelles » liées à la sur-présence touristique. Celle-ci pourrait-elle évoluer vers autre chose qu’une ressource considérée comme uniquement économique et quantifiable ? Entre autres questions soulevées : pourrions-nous envisager des alternatives à ce tourisme non responsable, réducteur, polluant et déstabilisant les systèmes inhérents locaux ? Quelles entrées, quelles méthodologies et protocoles expérimenter et réinventer ? A travers quelles propositions et sur quelles temporalités ?

Face à un sujet saturé d’idées reçues, nous avons l’intuition de devoir faire émerger d’autres points de vue, d’autres façons d’envisager le phénomène des faux guides.

Les secondes pistes ressortant de nos échanges cartographiés nous amènent à creuser le contexte et ses systèmes préexistants. Le manque de nuance et les stigmatisations apparaissent comme des points de blocages récurrents, des paramètres figés, qui empêchent d’autres possibles et nos potentielles utopies réalisables. Or nous ressentons la nécessité de sortir de ces poncifs cumulés. Ils semblent immuables parce que trop profondément ancrés dans les habitudes et le quotidien de chacun des acteurs urbains. Face à un sujet saturé d’idées reçues, nous avons l’intuition de devoir faire émerger d’autres points de vue, d’autres façons d’envisager le phénomène des faux guides. Nous proposons alors de déplacer les frontières qui condamnent toute évolution. A partir de là, nous choisissons des approches et des outils capables de sortir des systèmes figés, pour in fine tenter de reconsidérer les choses.

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Ci-dessous : Official event of unofficial guides, cartographie performative réalisée en public lors des rencontres Meet the neighbours, organisées par LE 18 le 15 Mars 2019. A l’occasion d’une table ronde autour des pratiques artistiques et de recherches qui explorent l'espace public et les projets communautaires participatifs. Photographie : Abdellah Hassak. 
Bande sonore accompagnant la performance, captation : Laila Hida, montage : Abdellah Hassak

Un projet qui engage et modifie nos propres points de vue

6 Ce projet s’inscrit forcément dans nos parcours respectifs, il nous oblige à redéfinir les contours, réaffirmer nos approches et nos outils de conception, à revoir ou du moins réadapter nos postures habituelles, réinventer encore de nouvelles formulations, formes et formats. Nos démarches s’attachent à replacer les relations humaines au centre en dépassant les préjugés, le prédéterminé et le pré-écrit des enjeux en présence. Elles s’adaptent aux situations rencontrées, elles génèrent des relectures et détournements systématiques des contraintes préexistantes, une mise en jeu des acteurs impliqués.

Nos projets précédents questionnent toujours les contextes sociétaux par des dispositifs artistiques et urbains inédits​.

Nos projets précédents questionnent toujours les contextes sociétaux par des dispositifs artistiques et urbains inédits, replaçant les relations sociales dans l’espace public et la question de l’urbanité au centre. Inévitablement, cela passe par l’action de rapprocher des milieux habituellement considérés et maintenus comme dissociés voir irréconciliables. Ce qui relie nos approches pourrait, dans un premier temps, se résumer par la prise en compte et le détournement des contextes urbains, les mises en jeu des situations spécifiques, paradoxales et locales, la reconnaissance et le renversement des rôles joués par les différents protagonistes impliqués, par des actions collectives dans l’espace public et/ou des dispositifs de réciprocité.

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Official event of unofficial guides, cartographie performative réalisée en public lors des rencontres Meet the neighbours, organisées par LE 18. A l’occasion d’une table ronde autour des pratiques artistiques et de recherches qui explorent l'espace public et les projets communautaires participatifs. Crédit photos : LE 18, Montage : Laila Hida.

7 Mais au-delà de ce qui nous rapproche, c’est aussi ce qui nous démultiplie, ce qui apparaît comme des points d’entrées complémentaires qui nous porte tout autant dans les potentialités à venir. Nous commençons alors par cartographier nos univers, nos intuitions, nos récurrences, nos doutes, nos préoccupations, nos expériences et trajectoires multiples. Nous avons en commun la spécificité de nos positionnements, le renversement des rôles, la capacité à improviser, à apprendre du contexte, à détourner ou court-circuiter les situations, une certaine manière de construire “avec et à mesure”, de nous adapter aux phénomènes fluctuants et savoir rester en mouvement. Ces mind map successives sont ici envisagées comme des tentatives de compréhension des règles du jeu préexistantes (émanant du contexte) pour finalement mieux réinventer les nôtres, quitte à renverser les protocoles habituellement acquis par nos projets antérieurs.

« La première phase repose sur la réalisation d’un ou de plusieurs entretiens non directifs où se négocient un renversement des rôles et une reconnaissance de la parole de la personne interviewée. Le chercheur ne dirige plus le propos par une rhétorique préétablie, mais expérimente avec elle, une relation d’écoute où celui qui parle est maître de son récit. (…) Pour échapper au rituel traditionnel de l’interview et favoriser l’expérience d’une libre association, la personne est invitée à emmener l’anthropologue sur le territoire qu’elle choisit pour l’initier in-situ, à sa perception et à son récit. (…) “L’expérience des itinéraires” : c’est suivre celui qui nous guide par le corps et la parole sur un territoire qu’il invente et construit par la mise en scène de son récit. Cette démarche est l’héritage d’expériences originales où se croisent plusieurs objectifs, à la fois recherche et à la fois intervention sociale et politique, proche de la recherche-action. »

Suivre celui qui nous guide par le corps et la parole sur un territoire qu’il invente et construit par la mise en scène de son récit.

Nous optons pour des formes d’interfaces relationnelles simples, compréhensibles par tous, nous permettant d’approfondir les questions soulevées. Nous proposons des entretiens annotés et cartographiés qui vont peu à peu nous révéler les différentes strates de significations, de reformulations, de spécificités, de nuances et de créativités de chacun des contributeurs. Nous expérimentons des formes de cartographies, des protocoles variables, à deux en interne, publiquement ensuite, avant de passer aux entretiens intimistes puis croisés. Un descriptif des sessions est publié au fur et à mesure de notre cheminement sur le site en ligne dédié au projet.

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De février à décembre 2019, sessions d’entretiens enregistrés, annotés et cartographiés sur carnets. Photographies : Laila Hida et Flore Grassiot. Montage : Laila Hida.

Construire avec et à mesure

8 Nous prendrons le temps d’approfondir nos compréhensions du phénomène. Condition préalable d’une recherche-action inclusive qui partirait de la reconnaissance des co-influences potentielles, préexistantes ou à provoquer. Les protocoles d’interactions mis en place nous permettent de déployer des tactiques pour tenter d’apprivoiser ces niveaux cumulés de complexité. Ils nous poussent à improviser, à apprendre à « faire avec » et en cours de route, à faire preuve d’une écoute exacerbée, à faire l’épreuve d’une remise en question de nos approches que nous décidons de redéfinir à chaque étape. La conception du projet se doit de rester en mouvement, en dialogue, non linéaire, ramifié, flexible et ouverte. Elle nous amène à énoncer les différentes branches qui se déploient, les dérivations essentielles, en dessiner progressivement les systèmes en réseaux, les rhizomes et autres constellations. Nos images mentales tracées sur un grand rouleau de papier nous permettent de visualiser nos avancées au fur et à mesure. Partant de ces premiers constats, partageons-nous certaines stratégies avec les faux-guides ? Quelles seraient alors les co-influences potentielles, à reconnaître ou à provoquer ? Quelles inspirations seraient à déployer ?

« Si la carte s’oppose au calque, c’est qu’elle est tout entière tournée vers une expérimentation en prise sur le réel (…). Elle fait elle-même partie du rhizome. La carte est ouverte, elle est connectable dans toutes ses dimensions, démontable, renversable, susceptible de recevoir constamment des modifications (…). Elle peut être déchirée, renversée, s’adapter à des montages de toute nature, être mise en chantier par un individu, un groupe, une formation sociale. On peut la dessiner sur un mur, la concevoir comme une œuvre d’art, la construire comme une action politique ou comme une méditation. C’est peut-être un des caractère les plus importants du rhizome, d’être toujours à entrées multiples (…) contrairement au calque qui revient toujours « au même ». Une carte est affaire de performance, tandis que le calque renvoie toujours à une « compétence » prétendue. »

Si la carte s’oppose au calque, c’est qu’elle est tout entière tournée vers une expérimentation en prise sur le réel.

L’outil cartographique est considéré ici comme un dispositif de réciprocité, un mode de conception collective et une interface critique. Il nous permet de révéler peu à peu les différentes étapes, relier les différentes facettes du projet et provoquer des interactions inattendues. L’intention est posée de réaliser une carte éditée à chaque session, dans l’idée de produire une constellation de cartes publiables et reliées entre elles. Une première série d’images de pensée dévoile la complexité des contraintes et des enjeux en présence, elle appelle à une lecture active et forcément non linéaire du contexte et des intentions de départ. A chacun d’en réinterpréter les signes, voire d’implémenter les contenus.

Nous assumons ici nos doutes et appréhensions comme de potentielles forces à déployer progressivement, à mesure et sur un temps long. Suivons les signes, les lignes, les interstices, les délaissés, les espacements, les blancs tout autant que l’énoncé de l’écrit. Il s’agit d’une plongée dans l’envers du décor, jour après jour, nos cartes sont des territoires libres où s’inscrivent et se croisent nos interrogations, nos directions, des types de flèches différenciés, des traits continus ou discontinus, des ensembles et autres intersections. Ce travail de cartographie nous permet de décortiquer peu à peu les jeux des relations préexistantes, notamment ceux formant des systèmes immuables et ceux en mouvement constant.

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Ci-dessous : Mai 2019, entretien annoté et cartographié réalisé par Laila Hida avec Mariam Amal, présidente de l’association des artistes de la Halqa de Jama El Fna et ex-faux-guide professionnelle. Photographie : Flore Grassiot.

Cartographier devient un acte performatif

9 Nos cartographies et images mentales successives nous permettent de dépasser les évidences, les apparences, les certitudes, les inévitables préjugés et autres attendus sur les faux guides tout en prenant conscience d’avancer sur un terrain mouvant, incertain et si peu exploré. Nous décidons d’une temporalité longue pour tenter de mettre à jour les rapports de forces, les systèmes internes et les stratégies en mouvement constant qui préexistent et coexistent. Nous tenterons de faire émerger les jeux d’interactions entre les différents acteurs impliqués. Nous avons progressivement révélé tout un réseau de personnages à rencontrer et pris le temps de mener des entretiens personnalisés.

Le défi consiste à trouver des formes d’interfaces relationnelles pour approfondir cet univers complexe. Après une première série de cartographies réalisées à deux, nous ressentons le besoin d’ouvrir le processus de travail à un cercle plus étendu. Ce travail au long cours mené sur plusieurs mois, nous a permis de dépasser les attendus, de faire émerger les contradictions, des nuances et autres « entrées » communes entre les lignes. Nous les nommons les « attracteurs étranges » à savoir les termes répétés, énoncés à plusieurs reprises, qui une fois reliés, entrent en résonance voire en vibration entre eux.

La cartographie est pensée ici comme un langage dont les codes et les systèmes de signes seraient à réinventer. Que se passe-t-il si d’autres règles du jeu sont réécrites ensemble, avec des faux-guides et d’autres acteurs concernés par le sujet ? Et si chacun proposait d’autres règles du jeu ? Cette question devient récurrente, elle se décline à plusieurs échelles du projet selon plusieurs modalités.

La cartographie est considérée ici comme un outil de lecture d'un espace urbain complexe, un système narratif transmissible, une écriture, une partition, un langage et finalement un dispositif de réciprocités. La carte devient un mode de déplacements des idées et des corps, un outil de survie en milieu urbain hostile.

Aborder le territoire par le récit du lieu, c’est déjà le mettre en situation de projet urbain, par son histoire, ses représentations et ses usages.

Il s’agit de développer une démarche relationnelle non hiérarchique, évolutive, souple et adaptative, qui considère l’importance de chaque contributeur. La mise en place d’interfaces personnelles et collectives permet la prise en compte des points de vue, vécus et expériences de chacun par une écoute attentive. (..) Les dispositifs de réciprocité restent ouverts, reliés les uns aux autres, co-dépendants, pour la construction d’un diagnostic commun. (..) Aborder le territoire par le récit du lieu, c’est déjà le mettre en situation de projet urbain, par son histoire, ses représentations et ses usages.

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Avril 2019, l’après entretien réalisé avec Fatima chez elle. Crédit : Flore Grassiot.

Un rhizome d'entretiens...

10 Mars 2019 : démarrage des entretiens prévus avec différents protagonistes concernés par le phénomène des faux-guides. Parmi eux, des professionnels du tourisme, des habitants de la médina, des « expats », des guides officiels, des acteurs culturels, des artistes, la brigade touristique, et des faux-guides eux-mêmes. Pour l’instant, ces moments d’échanges constituent le premier noyau de ce qui se développera progressivement en rhizome relationnel. Selon notre protocole, chaque contributeur nous donne une ou plusieurs recommandations de personnes à rencontrer dans un second temps. Nos conversations sont systématiquement enregistrées, annotées directement sur un carnet, puis retranscrites au fur et à mesure, elles seront ensuite mises en lien.

Avril 2019 : suite des entretiens : des conversations croisées à trois têtes. Le protocole est le même pour tous, mais les entrées évoluent au fur et à mesure de l’avancement du projet. Nous l’avons imaginé ouvert, évolutif, il s’adapte aux contextes et aux contraintes rencontrées. Nos amorces méthodologiques ont intégré des fixes et des variables : au fil des échanges, d’autres questions et formulations émergent. Chaque entretien est de fait nourri par les précédents, tout un réseau de liens se tisse dans nos têtes et sur le papier. Les discussions distillent entre elles leurs sens cachés, elles font émerger d’autres strates, dessinant progressivement une forme de méta-récit. Nous évoluons avec ces « personnages » invités à tour de rôle à partager nos questionnements, nos petites et grandes avancées. Nous leurs proposons notamment d’inventer d’autres appellations alternatives aux faux guides, qui seraient moins péjoratives, plus adaptées aux vécus, le résultat est saisissant il révèle une myriade de termes tout en nuances, parfois très poétiques.

Mai 2019 : le rhizome réflexif se concrétise encore un peu plus. Nous poursuivons les entretiens avec un réel plaisir à voir s’esquisser ce qui apparaît comme une potentielle cartographie collective, une constellation d’idées de plus en plus interconnectées. Les géographies personnelles se rencontrent sur les pages du carnet et à travers les retranscriptions. Les contenus s’amplifient progressivement, certains ne prennent sens que maintenant, à l’image d’une matière vivante qui prendrait le temps de fermenter à la rencontre de levures exogènes. Notre choix de dispositif d’amorce,  celui de l’échange intimiste plutôt que collectif fait émerger d’autres formes de discours, des points de vue approfondis, complémentaires, souvent inattendus, complices et singuliers, creusés dans des temporalités autres, plus personnelles et personnifiées.

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Juin 2019, pages de carnets annotés réalisées par Laila Hida lors de son entretien avec Mo Balaa, artiste et ex-faux-guide. Crédit photo : Flore Grassiot.

Relier et cartographier

11 Les paroles sont reliées entre elles, les différents points de vue se rencontrent et interagissent. Ils révèlent des correspondances ou dissonances toujours singulières, souvent inattendues, entre les différents récits. Cette recherche est en cours de production à l’heure de l’écriture de cet article. A ce stade, nous ne pouvons figer les formes qu’elle prendra à plus long terme. Les formats restent ouverts, inclusifs, contributifs, évolutifs et éminemment contextuels, l’évolution du projet n’est donc pas connue à ce jour. Nous travaillons pour l’heure les restitutions des entretiens – enregistrements sonores et annotations cartographiées – comme une matière vivante, capable de multiples ré-agencements possibles.

Des fils conducteurs se croisent et révèlent peu à peu des réseaux et méta-récits transversaux, reliant la vingtaine de personnages interviewés. Nous provoquons finalement leur rencontre à travers celle de leurs paroles et propositions d’actions. D’autres formes de relations voient le jour, les systèmes qui semblaient si figés s’ouvrent progressivement, certains des préjugés s'effondrent face à l’approfondissement des notions abordées. Des formes de collaborations insolites apparaissent, capables d’ouvrir des potentialités en termes de formats à expérimenter. Nos cartographies superposées et croisées nous révèlent progressivement d’autres ramifications possibles.

Nous avons mis en place tout un processus de travail, dont les entretiens et outils cartographiques, qui ont permis de voir pousser des branches multiples et parfois très inattendues. Nous décidons de ne pas dissocier – et en aucun cas de hiérarchiser – les types d’actions envisagées. Chaque idée émanant des entretiens – ou des discussions plus informelles – est prise en considération avec un même degré d’attention, quelle qu’elle soit. Nous nous attachons à les travailler sur un même niveau d’importance avec chacun des contributeurs, que leurs propositions, ponctuelles ou envisagées sur un très long terme, soient d’ordre plastique, performatif, militant ; d’ordre sociale, politique, économique, associé à un travail de terrain, sous forme d’ateliers, en collaboration avec des performeurs ou des associations. L’idée est ici de penser les futures actions sans classification entre elles. Les démarches se croisent déjà, quels que soient les champs de compétences et d’expériences impliquées. Le temps du projet, les milieux élitistes et populaires se rencontrent enfin à un niveau d’égalité sur le sujet.

Nous avons amorcé ce projet par un renversement de paradigmes, par un déplacement des considérations des pratiques en jeu développées par les faux guides. Des pratiques construites en réponse et en résistance à la précarité qui affecte leurs vies. Ces premiers échanges avec les contributeurs invités ont eu pour objectif assumé de transformer progressivement et à terme les regards et les discours portés sur ces personnages urbains si singuliers et habituellement si dénigrés. Il s’agit à notre échelle de tenter de décrisper le sujet, de faire évoluer le débat, en les impliquant directement dans le processus de recherche et non pris comme sujet d’étude abstrait ou distant. L’objectif serait de contribuer par ce travail à voir un jour évoluer leurs situations, par la prise en compte de leurs revendications, la considération de leurs existence et par l’expérimentation collectives d’autres formes de relations tissées entre les différents acteurs urbains.

« Cracks in the text of the State », cracks dans l’état des choses, l’état des lieux, l’état des normes… Cracks nous induisant par-devers nous à de nouvelles pratiques sociales et à de nouvelles pratiques esthétiques, qui se révéleront de moins en moins séparées les unes des autres et, de plus en plus, en complicité de destin. »

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Juin 2019, retranscriptions des pages de carnets. Septembre 2019, superpositions par calques et croisements des cartes textuelles issues des premiers entretiens retranscris. Réalisation : Flore Grassiot.

Notes

1 Boulevard de la Résistance est un projet conçu et dirigé par Laila Hida, co-écrit avec Francesca Masoero, en collaboration avec d’autres artistes dont Simohammed Fettaka et Amine Rharbi. Une première étape apparait dans le CHERGUI # 01, le journal autoédité par LE 18, sous la forme d’un texte et d’une mind-map. Lien vers le site du projet : https://boulevarddelaresistance.com/

 

2 Dans ce projet nous remettons clairement en question cette appellation erronée et stigmatisante de « faux guides ». Dans cet article, nous employons la forme italique dans l’idée de nous distancier de l’expression pourtant communément usitée par tous (de la rue aux journalistes). D’autant qu’il existe une multitudes de typologies de faux guides, aux pratiques parfois très éloignées les unes des autres, nous l’évoquerons plus loin.

 

3 Ces petits « services » sont apparus en marge de l'économie des riads et chambres d'hôtes qui s'est développée dans la médina ces vingt dernières années. C’est certainement une conséquence de la mauvaise évaluation de l’impact d’une telle invasion de projets commerciaux dans un environnement de logements traditionnels, parfois modestes et très convoités.

 

4 Etant donné la complexité du sujet abordé sur les plans humain, culturel, artistique, urbain, économique, juridique, social et politique, nous prendrons le temps d’approfondir les questions sur des temporalités ajustées, probablement sur plusieurs années.

 

5 Le touriste lambda cherchera à rentabiliser son séjour, surchargeant son programme ficelé et prémédité par avance sur base de stéréotypes entretenus. Les agences et guides – papier ou en ligne – vont paradoxalement vendre des « expériences hors du temps », des « parenthèses atemporelles » dans une médina soi-disant figée, qui n’aurait pas évolué depuis des siècles.

 

6 Dans son article « Imaged and imagined? Cultural Representations and the “Tourismification” of Peoples and Place », Noel B. Salazar évoque l’idée d’un tourisme de masse considéré par certains spécialistes comme une forme détournée de post-colonialisme, qui impose et entretient finalement toujours les mêmes formes d’injonctions dominantes venues du « nord ». Cahiers d’études africaines, 193-194, 2009, mis en ligne depuis le 25 juin 2009. URL : https://journals.openedition.org/etudesafricaines/18628

 

7 Ces formes d’intelligences urbaines, les tactiques de survie déployées ne sont pas sans rappeler ce que Michel De Certeau nommait « les ruses » dans L’invention du quotidien, 1. : Arts de Faire, Paris, Gallimard, 1990 (1ère édition, 1980) et qu’évoque Erwin Goffman, dans Les rites d’interactions, Paris, éd. de Minuit, 1974, dans la dernière partie : « Les lieux de l’action, « la vie », c’est sur le fil ; le reste on attend. »

 

8 Ces manifestations font suite au discours du Roi, datant du 20 août 2018, axé sur l’emploi et la formation des jeunes. Discours qui sera très commenté dans lequel il énonce six mesures. La cinquième pose la nécessité d’intégrer une partie du secteur informel dans le secteur formel, « en assurant au potentiel humain que recèle le premier une formation adaptée et incitative et une couverture sociale en appuyant ses projets d’auto-emploi ». Extrait du discours cité par M’Hamed Hamrouch, dans l’article « Discours royal : les six mesures choc de Mohamed VI en faveur de la jeunesse », publié dans le journal en ligne Le 360° le 20/08/2018.

URL : https://fr.le360.ma/politique/discours-royal-les-six-mesures-choc-de-mohammed-vi-en-faveur-de-la-jeunesse-172759

 

9 Les mouvements actuels de la société civile défendant les libertés individuelles, l’accès à l’eau, aux soins, à l’éducation, à des équipements publics se multiplient dans le pays, du nord au sud, depuis plusieurs années. Aux manifestations et mouvements de boycotts, s’ajoutent les revendications très suivies sur les réseaux sociaux.

 

10 Marrakech, ou le souk des possibles, du moment colonial à l’ère néolibérale, de Michel Peraldi, publié en 2018 aux éditions La Découverte, Paris, n’aborde à aucun moment le sujet des faux guides, pourtant si présent dans le microcosme local. Dans Gens de Marrakech, le phénomène des faux guides n’est pas directement traité, néanmoins il transparait en arrière-plan dans la terminologie largement développée de « l’informel », comme l’analyse Mohamed Sebti, dans son chapitre « Les métiers de l’informel, une insertion par le bas ? » p.149, suite à une enquête de terrain approfondie. Gens de marrakech, Géo-démographie de la ville Rouge co-écrit par Mohamed Sebti, Youssef Courbage, Patrick Festy et Anne-Claire Kurzac-Souali, publié en 2009 aux Éditions INED.

 

11 Tiré de « L’objet passeur », un entretien avec Patrick Chamoiseau in Milieux et Créativité, co-édité par L’Ensad de Nancy et les Presses du Réel en 2016 sous la direction de Jehanne Dautrey, p. 126

 

12 Le tourisme à Marrakech, contrairement au tourisme de masse reporté sur les côtes comme à Agadir, est d’avantage un tourisme culturel. Mais ce qu’est devenu le tourisme dans sa globalisation a éloigné les gens des valeurs de l'échange, ici comme ailleurs dans le monde.

 

13 Comme réponse collective à une insatisfaction sociale, Les utopies réalisables font référence au livre de Yona Friedman, paru pour la première fois en 1974 et réédité aux Éditions de L'Éclat en 2000.

 

14 Liens vers le site de Laila Hida : www.lailahida.com et celui dédié à son projet Arnakech, Place Jama El Fna, 2018 : www.arnakechproject.com. Le lien vers le site de Flore Grassiot : http://www.topoi.site/, notamment une page dédiée aux Petites Visites Guidées menées en 2017 et 2018 à Casablanca http://plastol.org/actions-urbaines/itineraires-dain-chock---casa

 

15 Sur « les dispositifs de réciprocités » (Flore Grassiot) voir le texte de présentation du Collectif TOPOI : http://www.topoi.site/

 

16 Jean-Yves Petiteau à propos de sa « Méthode des itinéraires » extrait d’un document de travail personnel envoyé par l’auteur en 2014. Voir en ligne son article extrait de sa conférence « La méthode des itinéraires ou la mémoire involontaire » donnée lors du colloque Habiter dans sa poétique première, 1-8 septembre 2006, Cerisy-La-Salle. Lien : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00380133/file/2006_JY_P_COL_MethodeItinerairesMemoireInvolontaire.pdf

 

17 Les premiers entretiens ont notamment permis de révéler qu’il existe différentes typologies de « faux guides » à distinguer. L’usage actuel du terme « faux guides » dans la rue, par les professionnels, les autorités et dans la presse ne signifie pas toujours le même groupe de personnes et/ou la même activité. Ce terme fourre-tout renforce l’amalgame préexistant et met dans le même panier à la fois les délinquants, les jeunes de la médina en mode survie, aux pratiques parfois insistantes voire agressives et « les faux guides de métier » qui manifestent pour leur reconnaissance ; occultant de fait toutes les nuances de pratiques que l’on retrouve entre ces « catégories ».

 

18 Faux-Guides Diary en ligne à l’adresse : https://boulevarddelaresistance.com/Faux-Guide-Dairy

 

19 Gilles Deleuze et Félix Guattari, Capitalisme et Schizophrénie 2, Mille plateaux, Paris, éd. de Minuit, 1980, p.20. (Introduction : « Rhizome »).

 

20 Les « images de pensée » font ici référence au titre d’un ouvrage de Marie-Haude Caraës et Nicole Marchand-Zanartu, dans lequel elles présentent une série de croquis, schémas, diagrammes et autres tracés d’auteurs et penseurs de domaines très divers reconnus ou anonymes. Ces documents de travail, de réflexion, n’étant pas à l’origine destinés à être publiés, sont ici savamment sélectionnés parce que considérés avant tout comme « instruments de connaissances » (p.16) et non comme mode de représentation esthétisant. Elles précisent en note page 16 concernant le terme : « Denkbild (“images de pensée”) a été introduit dans la langue allemande par le poète Stefan George, l’expression a été reprise par Walter Benjamin, mais elle n’a pas dans cet ouvrage le sens que lui donne le philosophe (Walter Benjamin, Images de pensée, Paris, Christian Bourgeois, 2001) ». Images de pensée, aux éditions de la Réunion des musées nationaux, publié en 2011.

 

21 Antoine Mialon (Collectif TOPOI) décrit en ces termes les points de convergences récurrents, les mots clefs significatifs communs, révélés entre contributeurs lors d’ateliers publics cartographiés. La notion d’« attracteur étrange », issu de la théorie de Chaos a été inaugurée par David Ruelle et Floris Takens, dans « On the nature of turbulence », Communications in Mathematical Physics, vol. 20, no 3,‎ 1971, p. 167-192.

 

22 Flore Grassiot extrait du texte introductif / Dixmute, workshop auprès des étudiants en master à l’Institut Supérieur des Arts et Chorégraphies (ISAC-ARBA-ESA), Bruxelles, direction pédagogique : Léa Gauthier, invitation : Anna Rispoli, 2015.

 

23 Collectif TOPOI, Flore Grassiot et Antoine Mialon 2017. Extrait du texte de présentation publié sur le site internet : http://www.topoi.site/

 

24 A partir de la matière récoltée, nous envisageons un travail de publication en ligne et sous la forme d’un (faux) guide papier, un Petit précis du faux-guide, démontant et détournant les clichés des guides touristiques existants ; une publication documentant les actions collectives réalisées et à venir.

 

25 Félix Guattari, Cartographies schizoanalytiques, Paris, éd. Galilée, 1989, p. 331. Dans la dernière partie « Cracks in the street », il reprend sa conférence, présentée à la Modern Language Association à New-York, le 28 décembre 1986. Il y explique avoir transformé son titre d’origine “les fonctions existentialisantes du discours” en “ Cracks in the text of the State”. Collection L’espace critique dirigée par Paul Virilio.



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https://www.antiatlas-journal.net/pdf/antiatlas-journal-04-Grassiot-Hida-les-faux-guides.pdf

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